Le Dimanche 8 décembre 2024 - 18h30 - 26 avenue de New-York, Paris 16e
Lire la suiteLe 17 juin 2016
La Belle esthétique des « Paysages Poétiques »
La création estampillée CNDC et ONPL offre un tableau saisissant, combinant avec goût musique, visuel et danse.L’ombre d’Henri Dutilleux s’y pare d’une belle lumière.
À chacun d’être au mieux dans son élément. Dans ses éléments, plus précisément. Vendredi soir, quand le groupe Zenzile en proposait sa variation dans le T400 (voir édition du 11 juin), la grande salle du T900 accueillait la première de «Paysages poétiques ». L’air et les songes, l’eau et les rêves,la poétique de l’espace… le vaisseau amiral de la culture angevine était tout bachelardien !E t précisons que ces propositions originales portent le sceau d’Angers… la maison de Frédéric Bélier-Garcia «habite son nom », comme dirait un certain poète. «Paysages poétiques»marque la première union, en quarante-cinq ans d’existence, de l’Orchestre national des Pays de la Loire avec la danse. Et l’on se répète, du côté des mélomanes et autres curieux de grande musique,que l’arrivée de Pascal Rophé à la tête de l’orchestre est une bénédiction, tant au niveau de la qualité des programmes proposés à l’année que des projets imaginés. L’interprétation des trois œuvres de Dutilleux qui composent ces «Paysages poétiques »nourrit cette opinion. Emmené par Pascal Rophé et parle violon super-soliste Ji Yoon Park, puis transcendé par Julien Szulman, impérial dans son interprétation du concerto pour violon «L’Arbre des songes », l’orchestre a tenu son rang. Sa mise en lumière est d’ailleurs une idée à creuser.Placé derrière un voile de tulle où se projetaient des estampes abstraites et des lumières de néons (très beau travail scénographique),il imposait une présence à la fois évidente et discrète. Autre source de plaisir,la qualité des corps dansants. L’écriture de Robert Swinston demande un physique et une tenue solides. Après… Après, c’est toujours la même chose :cette danse ne dit rien. On ne demande pas à une danse de raconter quelque chose, mais on peut exiger qu’elle dise quelque chose ;que d’elle émanent une densité, une inventivité, une lumière ou un sentiment. Seuls deux solos,selon nous, convoquent cela, et notamment celui de Haruka Miyamoto, silhouette à la foisdigne et traversée d’une foule d’émotions. C’est vrai qu’elle a la chance de l’exécuter dans une autre tenue que la combinaison moulante so seventies. Bon, ne soyons pas grincheux, ces «Paysages poétiques » ont des sons et des sens intenses. LELIAN