Le Mardi 26 novembre 2024 - 19h00 - Hôtel de Ville, Tours
Lire la suiteLe 9 janvier 2020
https://bachtrack.com/fr_FR/critique-quatuor-hanson-haydn-ligeti-cafe-de-la-danse-paris-octobre-2019
Le corps à cordes du Quatuor Hanson au Café de la Danse
Par Tristan Labouret, 08 octobre 2019
Une foule inhabituelle s’est assemblée au Café de la Danse. Non loin de l’Opéra Bastille, dans un petit passage pavé habituellement fréquenté par les amateurs branchés de la scène pop-rock, un nombre impressionnant de musiciens « classiques » s’est donné rendez-vous. Quartettistes confirmés, pianistes réputés, producteurs renommés, conseillers influents – et même un chef d’orchestre récemment primé – sont venus s’encanailler loin de leurs terrains de chasse habituels. En quel honneur ce congrès s’est-il réuni ? Le Quatuor Hanson fête la sortie de son premier album. Et s’apprête à prendre place dans le cercle déjà fourni des jeunes carrés d’as français, au côté des Arod, Van Kuijk, Hermès ou Akilone.
Ne nous y trompons pas. Derrière leurs visages d’anges et un double disque au programme très commun (100% Haydn), les quatre Hanson ont du caractère. Le choix du Café de la Danse est à leur image : plein de charme (magnifique fond de scène en pierres apparentes) et ô combien audacieux. Conçu pour des concerts sonorisés, l’endroit ne dispose pas de l’acoustique idéale pour conforter un ensemble de chambre. Dans les deux premiers mouvements du Quatuor opus 50 n° 6, on sent d’ailleurs les musiciens en délicatesse avec l’aridité du lieu ; le vibrato d’Anton Hanson est plus nerveux qu’à l’accoutumée et les quatre archets cherchent en vain une résonance que la salle n’est pas disposée à leur offrir. Tout le mérite du groupe est alors de ne pas disperser ses efforts mais au contraire de resserrer ses rangs, d’unir encore davantage ses gestes pour retrouver un discours commun.
Cela fonctionne pleinement dès le léger et ludique « Menuetto » et plus encore dans un finale espiègle : les contrastes sont tranchés dans le vif, les silences assumés jusqu’au vertige, les tempos gagnent des sommets de vivacité risqués – mais la virtuosité époustouflante du premier violon ne semble jamais en péril. Le second Haydn de la soirée (opus 77 n° 2) sera plus accompli encore, chaque musicien faisant entendre subtilement sa personnalité au sein du collectif bien huilé : on savoure les prises de parole incisives et joueuses de Jules Dussap au second violon, l’élégance droite et discrète du violoncelle de Simon Dechambre, la chaleur et l’exceptionnelle profondeur sonore de l’alto de Gabrielle Lafait.
Malgré son nom, le Quatuor Hanson ne repose pas que sur son infaillible premier violon et celui-ci ne dirige jamais ses partenaires ; les respirations attendent une nécessité commune. Si les articulations et les phrasés ont fait l’objet d’un travail minutieux, les élans naissent tous d’un besoin viscéral dans l’instant du concert et donnent à la musique de Haydn toute sa puissance rhétorique.
Cet art collectif du geste atteint son apogée dans les Métamorphoses nocturnes de Ligeti, au cœur du programme de ce soir. Jeu du temps et des textures, l’œuvre tisse des lignes mélodiques sinueuses qui se fondent soudainement pour exploser en tutti rageurs, scandés selon une rythmique obsessionnelle. Les Hanson sont chez eux dans ce Sacre de la musique de chambre. Acceptant pleinement l’inconfort de l’acoustique, ils n’hésitent pas à murmurer des pianissimo dénudés jusqu’à l’os et attaquent les sections rythmées avec une impressionnante force brute. On ne remarque aucune trace de décompte ou de calcul, aucun coup d’œil apeuré, aucun battement de pied, de cœur ou de paupière superflu : animés par la même pulsation vitale, les Hanson font oublier le texte complexe, se regardent à peine et proposent une incarnation totale et captivante, à la façon des plus grands ballets. Le décor du Café de la Danse, avec ses pierres rêches et ses lumières bleutées dignes d’un cabaret lynchien, prend alors tout son sens.
Le retour à Haydn, quelques minutes plus tard, arrache des sourires à l’assistance. Mais ce choix de programme n’a rien d’aberrant, au contraire : après l’excursion chez Ligeti, les sens sont aiguisés pour goûter les courbes sensuelles, les respirations vitales, les plaisanteries théâtrales du « papa » du style classique. L’assistance conquise ne se prive pas de sourire voire de laisser échapper quelques éclats de rire devant les surprises habilement ménagées par Haydn et les quartettistes. Le triomphe est couronné de deux bis : un Piazzolla féroce et… « encore une lichette », annonce le premier violon lessivé avant d’attaquer courageusement le finale haydnien de l’opus 76 n° 2. En attendant les prochaines lichettes de concert, on dégustera avec joie le double disque.
https://www.qobuz.com/fr-fr/info/actualite/video-du-jour/les-hanson-sur-la-tombe-d-haydn182382
Les Hanson sur la tombe d’Haydn
PAR FRANÇOIS HUDRY 14 octobre 2019
Qobuzissime pour le splendide premier album du jeune Quatuor Hanson consacré à Joseph Haydn…
Six quatuors pour faire entendre ce que Joseph Haydn a apporté à l’histoire de la musique occidentale. Le pari des tout jeunes musiciens du Quatuor Hanson est réussi car ils ont su construire et exprimer la quintessence de son art subtil grâce à leurs fascinantes qualités instrumentales.
Après l’écoute de ce premier album Qobuzissime éblouissant publié chez Aparté, on est ébahi devant le génie du compositeur qui invente, avec Boccherini, un genre nouveau, aussitôt abouti. Son titre, All Shall Not Die, est la traduction internationale de l’épitaphe gravée en latin sur la tombe de Haydn (non omnis moriar). Le choix de la formule dit la permanence et l’universalité d’une œuvre. Il témoigne aussi et surtout de l’admiration du sémillant quatuor pour ce cher Papa Haydn.
Soigneusement choisis parmi les différents opus d’un vaste corpus, ces six quatuors touchent autant par leur expression que par la perfection de leur écriture. Rien de superflu, un équilibre parfait des quatre voix et une inspiration de chaque instant. L’ultime Opus 77, inachevé, est contemporain des premiers Quatuors, Op. 18 de Beethoven – chez qui l’on entend la leçon du maître.
Plus de deux cents ans après sa mort, Haydn est encore en mal de reconnaissance, un statut qui lui était pourtant octroyé de son vivant. Plus qu’un précurseur, Haydn est un fondateur, un génie dont l’influence a continué d’agir sur ceux qui l’ont suivi, au premier rang desquels Beethoven et Schubert. Ce splendide All Shall Not Die le (re)met à sa vraie et juste place en même temps qu’il fait entrer les Hanson de plain-pied dans la discographie des grands.
https://www.resmusica.com/2019/10/18/all-shall-not-die-hanson-haydn-aparte/
Dans Haydn, les Hanson ou la maîtrise du quatuor
Le 18 octobre 2019 par Hervé Mestron
Avec ce premier disque consacré au grand Joseph Haydn, le Quatuor Hanson en impose par sa maturité. Ce choix audacieux révèle une puissance d’intériorité qui les classe déjà parmi les jeunes grands quatuors français.
Il suffit d’avoir essayé pour savoir que les quatuors de Haydn sont d’une difficulté extrême dès lors qu’il s’agit de faire entendre ce que la musique cache au plus profond d’elle-même. Les mille facettes de Haydn s’entremêlent d’opus en opus pour aboutir à une sorte d’unité magistrale. Il faut entendre ne serait-ce que le Largo e cantabile du Quatuor en sol majeur op.33 n° 5 pour saisir cette nouvelle texture que le quatuor est en train de revêtir où l’on entend déjà les prémices des opus 18 de Beethoven. Nous savions bien sûr que Haydn était un maître du genre, mais la confirmation est parfois nécessaire pour aimer à nouveau. Le menu choisit par le quatuor Hanson, un quatuor par opus (50,76, 54, 33, 20, 77), tisse le spectre d’un art qui n’a pas fini de nous surprendre.
Les proportions sont si parfaites que seuls les grands quatuors sont capables de restituer l’étrange transparence d’une simplicité inaccessible. Les Hanson imposent d’entrée une précision au service de tous les affects. C’est vivant, du début à la fin, avec un souci du détail qui illumine toute la science de l’humble Haydn. Le Quatuor en fa mineur op.20, véritable hommage à Mozart, nous délivre des lignes tragiques, ombres et lumières de l’âme, et sont traitées par les Hanson avec une grâce qui tire les larmes. Une pulsation toujours renouvelée pour que jamais ne s’installe un sentiment forcé ou une lourdeur d’archet.
C’était un exercice périlleux que d’offrir un double CD avec des œuvres par ailleurs déjà beaucoup enregistrées. Mais certaines lectures lumineuses nous revigorent, par leur inspiration et leur joie intérieure. Dès lors, c’est comme une première fois qui nous rappelle que la clarté du jour est toujours une renaissance. Le quatuor Hanson est un quatuor d’aujourd’hui, plein d’une sève qui ressuscite les vieux maîtres. C’est ainsi que la musique continue de vivre.
Joseph Haydn (1732-1809) : Quatuors : op.50 n°6 « The Frog », op.76 n°2 « Fifths », op.54 n°2, op.33 n°5 « How do you do ? », op.20 n°5, op.77 n°2. Quatuor Hanson. 2 CD. Aparté. Enregistré au Théâtre d’Arras en novembre 2018 et mars 2019. Notice bilingue. Durée : 66:07- 69:46
Leighton Jones – November 13, 2019
Making their recording debut on Aparté, with an album entitled, ‘All Shall Not Die’, Quatuor Hanson focus on the string quartets of ‘Papa Haydn’, with whom they consider themselves to have a particular affinity. Taking a potpourri of six diversely interesting quartets from a range of opus numbers, they give a colourful snapshot of Haydn’s whimsical, yet inventive compositional approach. These demonstrate the structural and textural developments from the early String Quartet op.20 no.5 of the ‘sun’ quartets (1772) to op.77 no.2 of the ‘Lobkowitz’ set from 1799 (Prince Lobkowitz, who commissioned the op.77 set, also commissioned Beethoven’s op.18 set at approximately the same date). This program of quartets is not chronological, but thoughtfully ordered to contrast keys, moods and colours. The mix of popular and lesser-known works reveals Quatuor Hanson’s deep understanding of Haydn and an ability to curate an exceptional journey.
From the outset, multiple things impress; the sound — both from the quartet and the recorded quality; the vibrancy of their interpretation; the unity of their playing, and their technical assurance with flawless intonation. Op 50. no.6, which opens the album, reveals their faithfulness to Haydn’s score. Aided by a natural interplay and an ability to bring out the humour across all four movements reveal they have a clear vision for the entire piece. Their ending of the first movement leaves one in the air, pondering, thus bringing out the intrinsic Haydn, whilst the third Minuet has some unexpected, but stylistic embellishments added to the repeats.
Following on is the celebrated “Fifths” Quartet, Op.76 no.2, very different in colour and texturally contrasts with its more dominant 1st violin role. Repeats are handled with further creativity and sensitivity. The Minuet having a less dance quality but more of a reminiscent beauty. With some effective rubato, this movement evolves to reveal a strong personality. The finale has an urgency and a commanding character, the playing forceful and energetic, yet very persuasive in this considered rendition.
The final sequence is the three quartets of Op.33 no.5, Op.20 no.5 and op.77 no.2. This carefully considered selection gives a complete musical journey, with a seamless transition from one to the other. Op.77 no.2 is an absolute pleasure, full of movement and iridescent colour. Compared to the Amadeus Quartet, Quatuor Hanson brings lyricism with lighter sonorities and cleaner vibrato, a delightfully uplifting and fitting conclusion to a characterful and consistently engaging album.
The booklet accompanying this release is excellent. A welcomed and detailed program notes chart the compositional history of the quartets. Diligence has been taken to give these young artists a platform to explain their ideas and approach to period performance practice on modern instruments and other interpretative choices with regards to repeats. Where repeats are observed, they enhance the repetition with some sympathetic but creatively interesting embellishments, often taking the listener by surprise.
Recorded in Little Tribeca au Théâtre d’Arras, France, in two sessions, the instruments are recorded closely miked, clearly evident from the purity of the sound. Skilfully placed microphones have ensured this studio capture is free from blemishes and other extraneous noises. The superb balance gives a sense of perspective, the first violin to the left, cello to the right, with second violin and viola to the centre.
Quatuor Hanson raises the issue of whether everything that can be said in Haydn’s music has been said. If considering just op.76 no.2 along the lines of groups such as the Amarti, Emerson or Takács quartets, perhaps not. Whilst each quartet has its own unique sound, Quatuor Hanson comes closest to surpassing the vibrancy of the Takács. Their sound is not that of novices coming to Haydn, but of musicians who understand the structures and balance in the music, playing it with a freshness, seemingly shaped by the quartet forefathers. Whilst this music is not new, they bring a refreshing excitement and originality, packing a strong musical punch with the strength of their musical chemistry. Whether sampling or revelling in the entire album, there is much to delight and treasure.
Choc Classica 2019
« Les 4 Fantastiques » par Fabienne Bouvet
[…] jeu tiré au cordeau, ces quatre archets font merveille chez Haydn qui papillonnent autour des notes, prennent leur envol, , tendent des lignes élancées, vertigineuses de mobilité, d’équilibre et d’élégance avec un enthousiasme contagieux.[…] Ce discours subtil ,sur les pointes tout en jaillissements, sourires et feux d’artifice, captive de bout en bout. Et ces couleurs raffinées , ce vibrato surveillé, ce grain instrumental ![…]
Diapason d’Or 2019